Les fonds d’investissement danois se débarrassent des obligations d’État bélarussiennes ; l’équipe de Tikhanovskaïa présente un projet de Constitution ; la Croix-Rouge nie toute complicité avec Loukachenko ; les autorités agitent toujours la menace de violentes représailles contre les Bélarussiens
10 mars 2021 | Voice of Belarus
La photographe Nadzeïa Boujan est parvenue en finale du concours le plus prestigieux dans le domaine du photojournalisme, World Press Photo, dans la catégorie Spot News. Sur la photo : Juillet dernier, Volha, épouse du politicien Pavel Seviarynets, attend son mari qui devrait être libéré du centre de détention d’Akrestsina. Pavel Seviarynets n’a pas toujours été libéré à ce jour.
Les fonds d’investissement danois se débarrassent des obligations d’État bélarussiennes en raison de la situation politique dans le pays
Les journaux danois Berlingske et Børsen font savoir que les fonds d’investissement BankInvest, Jyske Invest et Sparinvest ont vendu les obligations d’État du Bélarus, achetées avant la présidentielle de 2020. Les représentants des fonds ont expliqué cette décision par le fait que l’élection truquée et les violences qui ont suivi sont contraires aux principes qui régissent leurs activités d’investissement.
Le Ministre danois des affaires étrangères, Jeppe Kofod, a approuvé cette démarche des fonds d’investissement. « Nous devons tout mettre en œuvre pour empêcher un soutien même involontaire aux crimes du régime de Loukachenko », a souligné le ministre.
Ce sont les premiers résultats de la campagne en communication lancée par le Comité de gestion de crise (CGC) à l’encontre des fonds d’investissement qui ont acheté des obligations d’État du Bélarus avant la présidentielle de 2020. Le CGC appelle les fonds d’investissement à demander un remboursement anticipé des obligations d’État, car le Comité estime que le produit de leur vente n’a pas servi à refinancer la dette extérieure mais à régler le coût de la répression du peuple bélarussien.
L’équipe de Tikhanovskaïa a présenté son projet de Constitution
L’équipe qui avait travaillé sur un projet de Constitution a présenté une nouvelle version de la loi principale du pays. Principaux changements :
- le régime présidentiel est remplacé par une république parlementaire où le parlement nomme le premier ministre et approuve le gouvernement, qui, à son tour, est responsable devant le parlement ;
- le président ne pourra pas exercer ses fonctions au-delà de deux mandats (10 ans) ;
- l’indépendance du système judiciaire sera assurée par le Conseil national de la justice ;
- la Banque nationale détermine de manière indépendante les paramètres de la politique monétaire ;
- la peine de mort sera abolie ;
- deux langues officielles sont maintenues avec une expansion de la sphère d’utilisation de la langue bélarussienne ;
- le drapeau blanc-rouge-blanc et le blason Pahonia (La Poursuite) seront confirmés en tant que symboles d’État.
Aujourd’hui, Svetlana Tikhanovskaïa, lors de sa rencontre avec les dirigeants des missions de l’UE auprès de l’ONU, a appelé les organisations internationales – l’ONU, l’OSCE, le Conseil de l’Europe et l’Union européenne – à unir leurs forces pour résoudre la crise au Bélarus. En outre, Mme Tikhanovskaïa a eu des entretiens téléphoniques avec le conseiller du Département d’État américain, Derek Cholet, et le Ministre des affaires étrangères du Canada, Marc Garneau. Les discussions ont porté sur l’augmentation de la pression sur le régime de Loukachenko, notamment par le biais de sanctions, le gel des avoirs des complices du régime, la création de mécanismes pour enquêter sur les violations des droits humains et la torture au Bélarus. Au cours de l’entretien, Mme Tikhanovskaïa a souligné que les forces démocratiques du Bélarus ont pour objectif d’organiser de nouvelles élections libres et équitables à l’automne prochain.
La Croix-Rouge internationale nie l’implication des dirigeants de l’antenne bélarussienne dans les falsifications électorales
BBC News a publié un article sur l’implication de la Croix-Rouge bélarussienne (CRB) dans la falsification de l’élection présidentielle d’août 2020. Selon des observateurs indépendants, cette organisation humanitaire, qui n’a pas le droit de s’engager en politique, a recruté des milliers de personnes pour travailler dans des commissions électorales. La plateforme Golos a prouvé des falsifications des résultats dans de nombreux bureaux de vote où des représentants de la Croix-Rouge siégeaient dans les commissions.
Le Comité de gestion de crise s’est adressé au Mouvement international de la Croix-Rouge avec une demande d’enquêter sur son antenne bélarussienne. L’organisation mère de la Croix-Rouge a répondu de manière voilée que les personnes qui avaient pris part aux travaux des bureaux de vote auraient pu être simplement des membres de l’organisation et non ses employés ou bénévoles, et que les responsables de la CRB n’avaient pas été informés de la participation de « certains membres » de l’organisation au processus électoral.
En outre, sur les ondes de la radio suisse, le chef du CICR, Peter Maurer, a répondu à la lettre cinglante signée par l’écrivain Sasha Filipenko demandant d’arrêter la coopération avec le régime criminel de Loukachenko et de venir inspecter les prisons bélarussiennes surpeuplées. M. Maurer a déclaré qu’il n’avait pas le mandat de visiter les prisons et que c’est avec le gouvernement du pays qu’il fallait voir toutes les questions.
Les autorités continuent d’agiter la menace de rudes sanctions contre les Bélarussiens
Une habitante de Homiel, Anastassia Peravoztchykava, condamnée par un tribunal à 90 jours de détention pour des manifestations individuelles, s’est vu prolonger sa peine de 15 jours supplémentaires, c’est-à-dire que la jeune femme passera 105 jours dans le centre de détention provisoire. Il s’agit d’une durée de détention record infligée en vertu du Code d’infractions administratives aux citoyens du Bélarus pour participation à des manifestations pacifiques. Les défenseurs des droits humains ont déjà informé les rapporteurs spéciaux de l’ONU du cas flagrant de persécution à l’encontre de Peravoztchykava.
A Brest, neuf personnes ont été condamnées, dans le cadre de l’affaire des émeutes du 10 août 2020, à 3 à 4,5 ans de prison. Parmi les condamnés, il y a deux mineurs – ils ont été condamnés à 3 ans de détention dans un centre pénitenciaire pour mineurs.
À Homiel, une enseignante de 66 ans a été arrêtée par la police antiémeute avec recours à la force physique. Selon ses proches, lors de son arrestation, elle aurait été jetée à terre et frappée au visage. Elle a passé cinq jours dans le centre de détention provisoire sans recevoir aucun colis de ses proches. Aujourd’hui, elle a été condamnée à une amende dont le montant dépasse sa pension mensuelle.
Malgré l’absence de preuves et les incohérences dans le dossier d’inculpation, un habitant de la capitale a été condamné par le tribunal du district Tsentralny de Minskà trois ans d’emprisonnement dans un établissement de type ouvert, pour un texto contenant des menaces et prétendument envoyé à l’épouse d’un policier antiémeute. Il doit également verser, en réparation du préjudice moral, un montant de 2 500 roubles bélarussiens (soit environ 805 euros). Le musicien et activiste originaire de Hrodna, Ihar Bantser, en est au 7ème jour de sa grève de la faim sans boire ni s’alimenter. C’est sa manière de protester contre la persécution politique. Ihar est affaibli, mais peut encore marcher, et il reste déterminé.
La chanson provocante présentée à l’Eurovision par le Bélarus sera vérifiée pour sa conformité aux règles
Le portail d’information Eurovoix qui couvre le Concours Eurovision de la chanson, a signalé que la chanson du groupe Galasy ZMesta, dont le Bélarus venait d’annoncer la participation au Concours, sera vérifiée pour sa conformité aux règles de la compétition. Les rédacteurs du portail Eurovox ont lu dans les paroles de la chanson un soutien ouvert aux autorités illégitimes du Bélarus. Le Concours de la chanson est apolitique, ses organisateurs s’opposeront à toute tentative d’utiliser l’événement culturel à des fins politiques.
La veille, la Suède a exclu le Bélarus du jury international de la sélection nationale pour le Concours Eurovision.
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