Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête sur les faits évoqués dans l’enregistrement audio du vice-ministre de l’Intérieur du Bélarus

L’enregistrement parle de l’assassinat d’Aliaksandr Taraïkowski et de la création de camps d’internement pour les manifestants

15 janvier 2021, 14:38 | AMNESTY INTERNATIONAL
L’inscription sur la pancarte : « Aucun savon au monde ne pourra laver les mains du sang du peuple assassiné. »
Source : AMNESTY INTERNATIONAL

Amnesty International commente l’enregistrement audio publié récemment dans lequel l’un des plus hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur du Bélarus aurait ordonné à ses subordonnés de recourir illégalement à la force contre des manifestants pacifiques et d’ignorer le droit international.

« Parmi les fuites d’informations incriminantes révélant que les autorités bélarussiennes ont pris la décision de réprimer la contestation pacifique par des violations délibérées des droits de l’homme, cet enregistrement – s’il est authentique – est le plus accablant. Tout le contenu de l’enregistrement doit faire l’objet d’une enquête immédiate, impartiale et efficace », déclare Denis Krivosheyev, directeur adjoint d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

« Si un policier de haut rang ordonne à ses subordonnés de tirer des balles en caoutchouc en visant les parties génitales, le ventre et la tête, s’il propose de créer des camps d’internement pour les manifestants les plus actifs, en laissant entendre que leur mort débarrasserait tout simplement le pays des personnes inutiles, alors, selon le droit international, il donne l’ordre de commettre des crimes », dit-il.

Si un policier de haut rang ordonne à ses subordonnés de tirer des balles en caoutchouc en visant les parties génitales, le ventre et la tête, […] alors, selon le droit international, il donne l’ordre de commettre des crimes

Denis Krivosheyev, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, Amnesty International

« En plus, la voix dans l’enregistrement fait référence à des instructions émanant directement du “chef de l’Etat”. La question se pose de savoir comment, à ce moment-là, les faits évoqués dans cet enregistrement peuvent faire l’objet d’une enquête efficace au Bélarus. Cependant, l’État est en tout cas tenu d’enquêter sur les violations des droits humains et doit poursuivre les transgresseurs dans le cadre d’un procès équitable. Nous n’en exigeons pas moins », a déclaré Krivosheyev.

BYPOL, un groupe formé par des policiers bélarussiens qui ont démissionné pour protester contre le recours à la police pour réprimer des manifestations pacifiques, a publié l’enregistrement d’un discours que l’actuel vice-ministre de l’Intérieur, Mikalaï Karpiankow, aurait tenu. L’enregistrement a été réalisé en octobre 2020 ; à l’époque, il était le chef de la Direction principale de lutte contre le crime organisé et la corruption, du ministère de l’Intérieur.

L’enregistrement contient de nombreuses déclarations qui, si elles sont véridiques, incriminent directement les forces de l’ordre de violations des droits humains, y compris de la mort du manifestant pacifique Aliaksandr Taraïkowski tué le 10 août 2020. Il a succombé à une blessure par balle en caoutchouc que les forces de l’ordre lui ont tirée directement dans la poitrine.