Le Bélarus pleure la mort de Raman Bandarenka, 31 ans, des participants aux chaînes de solidarité arrêtés par la police et Svetlana Tikhanovskaïa annonce la création du Tribunal du peuple
13 novembre 2020 | BYHelp-Mediagroup
Ce vendredi 13 novembre a été déclaré journée nationale d’hommage à Raman Bandarenka
Le 13 novembre, les Bélarussiens ont rendu hommage au défunt Raman Bandarenka, un Minskois de 31 ans. Il vivait dans un complexe résidentiel dont la cour est devenue un symbole de contestation, connu à travers tout le pays comme la Place des Changements.
Le soir du 11 novembre, une bagarre a éclaté sur cette place entre des locaux et des inconnus venus arracher les rubans blanc-rouge-blanc d’une clôture à côté de l’immeuble. Ensuite, des personnes sans insignes distinctifs ont emmené de force Raman Bandarenka dans un minibus aux vitres teintées. Selon certaines informations, Raman Bandarenka a été emmené dans un des commissariats de police de Minsk, et à minuit, l’ambulance l’a conduit à l’hôpital, où les médecins ont diagnostiqué un état de coma causé par de multiples traumatismes à la tête.
Raman Bandarenka est décédé le soir du 12 novembre.
Depuis le matin du 13 novembre, les gens de tout le pays ont formé des chaînes de solidarité. Il y a eu des prières publiques et des services religieux en mémoire du défunt. Les principaux médias et entreprises ont refusé d’afficher de la publicité sur leurs sites.
À midi, une minute de silence a été observée par les ouvriers d’usine, les médecins, les étudiants et les citoyens.
Loukachenko et les enquêteurs affirment que Raman Bandarenka était ivre alors que les médecins disent le contraire
Selon la version officielle, dans la cour de l’immeuble « une bagarre a éclaté entre les locaux agressifs qui accrochaient des rubans, et les personnes qui les arrachaient. » Le rapport note que les officiers de police « ont trouvé un homme présentant des traumatismes sur le corps ainsi que des signes d’ébriété » ( bien qu’il existe des documents et des preuves médicales affirmant que Raman Bondarenka était sobre ). Aucune poursuite pénale concernant la mort de Raman Bondarenka n’a été engagée, les enquêteurs se contentant juste d’une vérification des faits.
Dans la soirée, Loukachenko a également déclaré que de l’alcool aurait été trouvé dans le sang du défunt, il a ensuite exprimé ses regrets et a ordonné au bureau du procureur général de prendre le contrôle de l’affaire. Il est également important de noter qu’aujourd’hui les policiers ont suspendu la vérification en cours de l’affaire d’Aliaksandr Taraïkowski, tué à Minsk le 9 août.
Svetlana Tikhanovskaïa a annoncé la création du Tribunal du peuple
« Si le système judiciaire de l’État ne fonctionne pas, nous pouvons nous en passer. Toute personne qui a violé cyniquement la loi et la viole toujours doit rendre des comptes », a déclaré Tikhanovskaïa.
Tikhanovskaïa a invité les Bélarussiens à envoyer les preuves des crimes du régime à un système centralisé. Les officiers des forces de l’ordre pourront eux aussi transmettre de manière confidentielle des vidéos et d’autres preuves de l’exécution ou de la participation à l’exécution d’ordres criminels. « Toute personne qui fera cela pourra compter sur une amnistie ou une responsabilité pénale atténuée, je le garantis », a promis Tikhanovskaïa.
La procédure d’« Accusation par le peuple » se déroulera sur la plateforme « Golas » en se basant sur les données recueillies, et chaque Bélarussien pourra voter. Svetlana Tikhanovskaya a l’intention de donner les résultats de cette procédure le 20 décembre. Ce jour-là, elle prévoit d’organiser la plus grande marche du peuple et de présenter l’« Accusation par le peuple. »
Les arrestations en masse et les fouilles se poursuivent
Lors des actions d’hommage à Raman Bandarenka, des arrestations ont eu lieu à Minsk, Brest et Liakhavitchy. Des arrestations sporadiques ont eu lieu à Sloutsk, Kletsk, Maladzietchna, Vileïka, Sviatlahorsk et Baryssaw.
La police a également arrêté des militants du comité de grève de l’entreprise « Belaruskali » se trouvant en tour guidé dans le district d’Ivatsevitchy. Dans l’autobus d’excursion, en plus des employés de « Belaruskali », se trouvaient des habitants de la ville de Salihorsk. Des 43 personnes présentes au total dans le bus, tous ont été arrêtés.
À Minsk, les forces de l’ordre se sont introduites par effraction et sans présenter de mandat de perquisition, dans le bureau de la rédaction du plus ancien journal d’opposition du Bélarus, « Narodnaïa Volia » et ont saisi la totalité de sa dernière édition.
L’ONU s’inquiète des arrestations en masse de manifestants, l’UE est prête à imposer de nouvelles sanctions
Le bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a déclaré avoir reçu des informations sur la détention de plus de 25.000 personnes au Bélarus pendant les manifestations.
La déclaration souligne que le gouvernement du Bélarus n’a jamais transmis d’informations concernant des enquêtes sur des cas de tortures et de violence infligées aux manifestants détenus.
Le bureau a également exprimé son inquiétude concernant la mort violente de Raman Bandarenka.
La délégation de l’UE au Bélarus exprime ses profondes condoléances à la famille, aux amis et aux voisins de Raman Bandarenka. Dans leur déclaration, les diplomates soulignent que tous les agents des forces de l’ordre qui exécutent des ordres criminels, devront rendre des comptes.
L’Union européenne est également prête à imposer des sanctions supplémentaires contre les responsables de la répression et d’intimidation au Bélarus.
De plus en plus de personnes en grève
Trois employés de Belaruskali, trois employés des chemins de fer bélarussiens et deux ouvriers de Hrodna Azot se sont joints à la grève.
For more information on the events of 13 November 2020, please visit Infocenter Free Belarus 2020: