Comment les fondations de solidarité fonctionnent actuellement
31 janvier 2021 | Darya Balshakova, TUT.BY
En 2020, de nombreuses fondations et initiatives d’aide ont vu le jour. Certains de ces projets s’adressent à tous les groupes de population, tandis que d’autres visent respectivement les agents des forces de l’ordre qui ont démissionné, les étudiants expulsés, les ouvriers d’usine qui ont perdu leur emploi, les travailleurs culturels ou les journalistes. FINANCE.TUT.BY a actualisé les informations sur les fonds et les initiatives d’aide aux Bélarussiens.
By_help : comment le Comité d’enquête s’est intéressé à la fondation et comment ont changé les priorités pour les candidatures
L’une des initiatives les plus connues serait le fonds BY_help. L’initiative existe depuis 2017. En 2020, la fondation a, entre autres, fourni une assistance pour le paiement des amendes et des honoraires d’avocat.
En novembre dernier, les Bélarussiens qui avaient reçu une compensation du fonds BY_help ont fait face au blocage de leurs cartes bancaires et au gel des montants sur les cartes à hauteur du paiement reçu. S’il n’y avait pas assez de fonds sur le compte, le solde devenait déficitaire. En outre, en raison de la mise des fonds sous séquestre, certains n’ont même pas été en mesure de recevoir leurs pensions et leurs allocations – elles ont été prélevées sur le compte en fonction du paiement précédemment reçu de BY_help. En décembre, ceux qui avaient vu leurs cartes bancaires bloquées, ont commencé à déclarer qu’ils avaient de nouveau gagné de l’argent, et tout l’argent a été remis sur le compte. Il s’est avéré que la Banque nationale et le Comité d’enquête ont spécifié le mécanisme de saisie des paiements de BY_help.
Le fonds a déclaré que la plupart des gens avaient récupéré leur argent, mais le processus de déblocage est en cours.
Dans la seconde quinzaine de janvier, le fonds a rapporté que pendant 7 mois de travail, il a payé plus de 8,5 millions de roubles bélarussiens [soit 2.702.874 euros environ, NdT] pour 8.700 demandes. « Nous avons compensé 971 chèques repas en établissement de détention. Nous avons effectué 1 848 paiements à ceux qui ont souffert de blessures et de coups infligés par les agents des forces de l’ordre. Dans des cas exceptionnels, 526 paiements des services d’avocat ont été indemnisés aux tranches vulnérables de la population. Nous avons reçu plus de 12.300 demandes, dont plus de 10.000 ont été traitées et plus de 9.000 ont été vérifiées. Nous continuons d’accepter des demandes d’aide », a déclaré le fonds.
Dans le même temps, le fonds a déclaré qu’à partir du 17 décembre, de nouvelles règles sont en vigueur concernant les priorités dans l’examen des demandes et la fourniture d’assistance.
« Tout d’abord, une assistance est fournie aux tranches vulnérables de la population : blessés / victimes de torture, personnes handicapées, retraités, familles nombreuses, familles dont la victime est le seul soutien de famille, ainsi que celles dont la propriété saisie est un moyen de gagner leur vie. Cependant, nous continuons d’accepter les demandes de tout le monde, et plus nous parviendrons à en collecter, plus grand sera le nombre de personnes que nous pourrons aider ».
BYSOL : « Au lieu de paiements forfaitaires, nous avons décidé d’aider à trouver un emploi »
En août 2020, Alexey Leonchik et une partie de son équipe se sont concentrés sur les activités de By_help, tandis que l’autre partie de l’équipe et Andrej Stryzhak l’ont fait pour BYSOL.
« BYSOL est une fondation qui aide les personnes réprimées et licenciées qui ne veulent plus servir l’Etat en raison de leurs convictions, ainsi que les comités de grève », explique le cofondateur de la fondation Andrej Stryzhak. « Nous avons un statut officiel dans l’Union européenne, la fondation est enregistrée aux Pays-Bas. En 4 mois, nous sommes passés de la stratégie du soutien individuel au soutien de diverses institutions, organisations et initiatives. Nous nous occupons également des cas de juridiction internationale : nous avons participé dans la préparation et la mise en œuvre du dossier de Maxime Kharochine que nous avons aidé à déménager à Vilnius ».
Au total, 2965 personnes se sont adressées à BYSOL, 1229 personnes ont été aidées, 1593 ont reçu un refus, déclare Andrej Stryzhak. Ce sont les données au 28 janvier. Stryzhak précise que parmi les principales raisons de refus figurent les demandes inappropriées, le non-respect des vérifications, les demandes répétées.
« Malheureusement, nous avons fait face à une situation où les gens ont essayé d’obtenir de l’aide sans y avoir droit : ils ont modifié la date du licenciement dans le carnet de travail. Nous avons des exigences : le licenciement ne doit pas avoir eu lieu avant le 20 mai 2020. Aussi, tout le monde perçoit la situation différemment : pour certains, quelques heures en détention, c’est déjà un fait de persécution, mais il y a des gens qui sont poursuivis dans le cadre d’une affaire pénale, qui sont incarcérés. Nous sommes obligés de classer ce problème ».
« En décembre, nous avons changé le format du soutien aux personnes licenciées pour des raisons politiques. Au lieu de paiements forfaitaires, nous avons décidé d’aider à trouver un emploi. Nous avons annoncé ces changements à l’avance tout en fixant la date limite pour nous envoyer les demandes de remboursement, et cela a été signalé fin janvier par le canal de messagerie Telegram de la fondation. Il y a eu tellement de demandes que les fonds récoltés à la fin du programme n’étaient pas suffisants. Après vérification de tous les documents, 52 personnes restent encore sur notre “liste d’attente”. Nous remplirons nos obligations envers elles, comme promis, mais cela peut prendre du temps ».
Pour obtenir de l’aide de BYSOL, il faut remplir une demande dans un formulaire Google en saisissant les données personnelles afin que l’organisation puisse aider à trouver de l’aide pour changement d’emploi, recyclage ou réadaptation professionnelle.
BYSOL aide également les initiatives de rassemblements des voisins [appelées initiatives des cours d’immeuble, NdT] et les initiatives qui travaillent avec les déménagements forcés. En début d’année, la fondation a lancé un programme de soutien aux personnes arrêtées pour des raisons politiques et à leurs familles.
« Nous faisons actuellement la promotion active du site web BYSOL qui permet également de faire un don d’argent à un fonds général ou spécialisé. Les sites web BYSOL et BY_help sont bloqués sur le territoire du Bélarus : ils ne peuvent être consultés qu’avec le VPN activé », explique Andrej Stryzhak. « Notre assistance financière provient des Bélarussiens, des diasporas, ainsi que des entreprises bélarussiennes et étrangères. Les principales dépenses administratives du fonds sont réglées par des entreprises. Nous sommes également aidés par des fonds institutionnels créés par divers États ou organisations publiques. Nous utilisons cet argent principalement pour aider ceux qui déménagent ».
La fondation BYSOL comprend également des initiatives qui aident un groupe spécifique de personnes : fonds médical, MEDIASOL, fonds d’aide aux familles des prisonniers politiques, aux personnes en grève, ainsi qu’aux étudiants expulsés. BYSOL a également épaulé la fondation de solidarité sportive et culturelle, mais l’un de ses dirigeants, Siarheï Boudkine remarque que la fondation « opère désormais de manière totalement indépendante ».
La fondation de solidarité médicale aide les familles des médecins arrêtés, fournit une assistance juridique, protège les droits des médecins et les emploie à l’étranger. Plus de 300 médecins ont déjà signé une lettre ouverte aux autorités demandant la fin des violences. Plus de 32 mille euros ont été collectés pour les aider.
L’objectif primordial de la fondation de solidarité sportive est de soutenir les personnes arrêtées pour avoir participé à des actions pacifiques, ainsi que les athlètes licenciés et privés de bourses pour des raisons politiques. 50 personnes du monde des sports ont reçu un soutien ponctuel de la part de ce fonds en coopération avec la fondation BYSOL. Au moins 12 athlètes reçoivent un soutien continu. « Nous aidons à la préparation des compétitions de haut niveau. Nous traitons toutes les demandes et, si nécessaire, réorientons vers une autre fondation spécialisée », dit le directeur exécutif. Aliaksandr Apeïkine. « Nous sommes chargés maintenant des communications avec les fédérations internationales. Nous démarrons également un projet pour le développement de l’éducation dans le sport : recyclage, formation avancée, possibilités de recevoir une éducation en ligne et des stages dans les meilleures organisations sportives d’Europe. Notre activité distincte est la réforme du système sportif au Bélarus qui se réaliserait avec l’aide d’une commission d’experts ».
La fondation Media Solidarity Belarus (MEDIASOL) aide les employés des médias non étatiques et des rédactions indépendantes qui ont perdu une part importante de leurs revenus en raison des représailles. Elle aide également à fournir des équipements de protection lors de la couverture des manifestations. MEDIASOL accompagne à la fois les salariés à temps plein et les indépendants. Fin 2020, elle a reçu 104 demandes dont 70 ont été finalisées et les paiements réalisés, 5 autres étaient en cours de vérification, toutes les autres ont été soit transmises à des initiatives partenaires, soit dans certains cas refusées.
« Il y a eu plusieurs cas où des journalistes ne savaient pas que la rédaction avec laquelle ils coopèrent pouvait leur fournir des fonds sur demande. Il y a des gens qui demandent à rembourser une amende ou une blessure, et c’est ce que fait BY_help », explique la fondation. « Notre campagne ne soutient pas les employés des médias d’État : ils sont soutenus par la fondation BYSOL. Nous sommes toujours confrontés à la fraude. Par exemple, un éditeur a été contacté par des escrocs se disant de la Fondation Valery Tsepkalo qui ont proposé une aide financière. Lorsque le rédacteur crédule a fait part de ses besoins et leur a envoyé un scan de son passeport, ils ont déposé une demande en son nom à MEDIASOL. Nos procédures de vérification ont aidé à rétablir la justice ».
La première activité de la fondation de solidarité culturelle consiste en assistance aux réprimés. La fondation soutient, consulte, emploie et fournit une assistance psychologique, financière et juridique. La deuxième activité est le soutien aux projets créatifs.
« Nous essayons d’obtenir de l’argent grâce à la collecte de fonds : nous organisons des campagnes de financement participatif », explique le producteur Siarheï Boudkine, l’un des dirigeants de la fondation. « Il s’agit d’une collecte de fonds de soutien à la chorale Ouniïa, au projet “Kaliady (Noël) avec Maliavanytch” et à Ales’ Dzianissaù. Nous organisons également des ventes aux enchères caritatives. Parmi les lots remis il y a eu les œuvres d’art de Vladimir Tsesler, les peintures de Youry Stylski du groupe de musique de “Daï darohou !” et de Katia IOWA. Ihar Varachkevitch et Lera Yaskevitch ont proposé leurs guitares aux enchères ».
Les représentants de la fondation disent qu’ils n’ont pas pu approuver certaines demandes en raison de ses ressources financières modestes. Dans ce cas, ils indiquent les donateurs qui peuvent être contactés. « Nous développons également notre stratégie et nous travaillons sur une nouvelle politique culturelle. Le QG de Svetlana Tikhanovskaïa, le Comité de gestion de crise de Pavel Latouchka et la “cour culturelle” du Conseil de coordination seront invités à participer à l’élaboration des réformes. Nous lançons également une campagne de solidarité internationale », indique la fondation.
Si vous avez besoin de l’aide d’un avocat, d’un médecin, d’un psychologue, vous pouvez contacter Probono.BY. Vous serez aidé à trouver un spécialiste et une assistance gratuite. Il est rapporté qu’ils ont fourni une assistance à plus de 6.500 victimes.
BYChange aide les résidents du Bélarus qui ont perdu leur emploi pour des raisons politiques à se recycler en tant que spécialistes en informatique.
Les familles des victimes de manifestations, les participants à une grève, ceux qui ont été licenciés, condamnés à une amende, les victimes de blocage de comptes peuvent également recevoir un colis alimentaire par le projet INeedHelpBY. Pour obtenir de l’aide, vous devez remplir une demande via le bot de messagerie Telegram. Lorsque vous soumettez une demande, vous devez décrire la situation et joindre des pièces justificatives.
Le fondateur du projet INeedHelpBY Philip Haùrychaù explique:
« Le panier de produits alimentaires comprend un ensemble complet d’aliments pour toute la famille pour une période de 2 semaines. Si la situation financière n’a pas changé et que cela peut être justifié par des documents, il est possible de prolonger l’aide pour 2 autres cycles (4 semaines). Le principe de notre travail est le suivant : connecter ceux qui veulent aider avec ceux qui en ont besoin. Un bénévole passe son temps et son argent à commander de la nourriture directement pour faire délivrer à l’adresse de la famille. Nous travaillons avec diverses fondations et initiatives, notamment BYSOL, By_help, Honest People et Imena ».
L’initiative d’entraide rapide de « Honest People » permet de mettre en relation les personnes qui ont besoin d’aide, avec celles qui sont prêtes à offrir un soutien financier, un lieu de travail ou de recyclage. Après vérification, les postes vacants ou la formation adaptés à la demande sont sélectionnés, et la personne peut également être aidée à rédiger un CV et à se préparer à un entretien.