Tous n’ont pas été libérés
28 août 2020 | TUT.BY, BAJ, Evropejskaia Pravda, BAJ
Le 27 août vers 18 heures, une vingtaine de journalistes, dont le correspondant de TUT.BY Stanislav Sharshukov et le photographe de TUT.BY Vadim Zamirovsky, ont été arrêtés sur la place de la Liberté à Minsk. Plus tard, environ dix autres journalistes sont eux aussi arrêtés sur la place de l’Indépendance. Le correspondant de TUT.BY à Brest, Stanislav Korshunov a également été arrêté. Le ministère de l’Intérieur a déclaré que les journalistes n’étaient pas détenus, mais avaient été emmenés au commissariat de police de l’arrondissement Oktiabrski de Minsk afin de vérifier leurs papiers.
L’arrestation : Les journalistes ont été forcé à monter dans un minibus et ont été emmenés dans une direction inconnue « pour vérifier leurs papiers ».
Lors de l’arrestation, en voyant la rangée de journalistes montant dans le minibus, un homme visiblement alcoolisé s’est insérer dans la file. Attirant l’attention de la police, ceux-ci l’ont « envoyer promener ».
« Ils seront transporté au commissariat de police pour identification », a déclaré la représentante officielle du comité exécutif de la ville de Minsk, Natalya Ganusevich.
Parmi les arrété figurent les journalistes de TUT.BY Stanislav Sharshukov et Vadim Zamirovski. Parmi eux egalement : Uladz Grydzin (Radio Svaboda), Vasili Fedosenko (Reuters), le photographe Alexander Vasyukovich, Nadejda Buzhan (Nasha Niva), Dmitry Lovetski (AP), Zakhar Shcherbakov et Sergei Satsyuk (BelaPAN), Ekaterina Andreeva et Maxim Kalitovski (Belsat), Vladimir Kostin (Reuters), Sergei Bobylev (TASS), Evgeny Odinokov (RIA Novosti), Pavel Martinchik (Komsomolskaia Pravda en Biélorussie), photographe Evgeni Erchak, Steve Rosenberg (BBC) …
Ces journalistes détenus ont été emmenés au commissariat de police Oktiabrski. Plus tard, Sputnik.by a rapporté qu’un nouveau groupe de journalistes avait été emmené au même commissariat de police.
A Brest, le journaliste de TUT.BY, Stanislav Korshunov a été arrêté, il faisait un rapport sur la collecte de signatures pour le retour d’un député. Après avoir vérifié ses papiers, il a été libéré.
Vers 19 h 50, neuf journalistes ont été arrêtés par la police sur la place de l’Indépendance de Minsk: ils ont aussi été forcé à monter dans un minibus pour vérifier leurs papiers. Parmi eux figurent le journaliste de TUT.BY Aleksei Sudnikov, Tatiana Korovenkova (BelaPAN), Alexandra Boguslavskaia (DW), les journalistes de Lenta. ru et autres. Là, on a leur demandé d’éteindre leur téléphone et on leur a déclaré qu’ils seraient conduits « aux organes compétents des affaires internes, afin de vérifier leurs documents, et qu’après ils seraient libérés ». « Ne créons aucun incident », a dit le responsable de la sécurité dans le minibus.
« Où allons-nous? » – ont demandé les journalistes.
« Gardez en silence, s’il vous plaît, encore quelques minutes », – dit l’agent de sécurité.
Les journalistes arrêtés sur la place de l’Indépendance ont été invités par la police à garder leurs papiers entre leurs mains et à passer le contrôle. Les téléphones devaient être éteints.
Les journalistes et l’opérateur de Radio Svaboda Oleg Gruzdilovich, Alyaksandr Dashchinski et Andrei Rabchik ont également été arrêtés sur cette place.
L’ambassade de Russie à Minsk vérifie elle aussi les informations sur l’arrestation de journalistes russes, rapporte TASS en référence à sa mission diplomatique.
20h30, des journalistes ont commencé à être libérés du commissariat de police de l’arrondissement Oktiabrski. À 21 h 25, le correspondant de TUT.BY Stanislav Sharshukov a été libéré du commissariat de police. Selon lui, les journalistes ont été convoqués un par un, leurs papiers vérifiés, on leur a demandé de montrer leurs photos. Un autre correspondant de TUT.BY, Alexei Sudnikov, a aussi été libéré.
Nadejda Buzhan, photographe pour Nasha Niva, a raconté la façon dont on traitait les journalistes détenus : ils m’ont fait comprendre que si je refuse de supprimer les photos, mon caméra pourrait tomber et se briser tout à fait par hasard.
L’ambassadrice de Suède au Bélarus, Kristina Johannesson, est arrivée au commissariat des affaires intérieures de l’arrondissement Oktiabrski. Elle a dit avoir appris l’arrestation d’un journaliste citoyen suédois. Il a ensuite été libéré.
Vers minuit, une ambulance est venu chercher la journaliste de BelaPAN Tatiana Korovenkova au commissariat de police, elle avait fait une malaise.
« Nous n’avons aucune informations, notre statut ne nous est pas communiqué. Nous avons été détenus jusqu’à sept heures du soir. Nous avons demandé à appeler un avocat, à être informé. Il y avait des gens étranges en civil, masqués. Les policiers disaient ne pas savoir qui ils étaient et ces gens nous demandaient de montrer nos téléphones, ne nous laissaient pas partir. Je me sentais mal, j’ai eu une crise hypertensive » – a rencontré Tatiana Korovenkova.
Plus tard, un fonctionnaire du commissariat de police de l’arrondissement Oktiabrski a indiqué quels journalistes seraient libérés et lesquels ne le seraient pas.
Le 28 août, à minuit trente, ceux qui refusaient de donner accès à leur téléphone étaient toujours détenus. Il s’agit du photographe TUT.BY Vadim Zamirovski, de la journaliste Belsat Ekaterina Andreeva, du photographe Belsat Alexandre Vasyukovich, du journaliste de Radio Svaboda Uladz Grydin, de la journaliste de Deutsche Welle Alexandra Boguslavskaia, de l’opérateur de Nastoyaschye Vremya Andrei Yaroshevich. Les avocats Sergueï Zikratski et Ekaterina Malyukova sont arrivés au commissariat mais ils n’ont pas été autorisés à y rentrer.
Vers 1 heure du matin, Vadim Zamirovski, un photographe de TUT.BY, a été libéré. Son appareil photo, ses clés USB et son téléphone lui ont été confisqués.
Aleksandra Boguslavskaia a également été libérée. On lui a communiqué qu’une procédure administrative avait été engagée contre elle en vertu de l’art. 22.9 du Code administratif, car elle avait travaillé sans accréditation. Mais en réalité, Alexandra a une accréditation du ministère des Affaires Étrangères. Ils ont également pris le téléphone de la journaliste.
Aujourd’hui, des forces de l’ordre ont également arrêté des manifestants sur la place de l’Indépendance à Minsk. Les défenseurs des droits humains ont signalé plus de 200 détenus.
Commentaire du ministère de l’Intérieur
Vers 19 heures, le service de presse du ministère de l’Intérieur du Bélarus a diffusé un message sur sa chaîne Télégram « en réponse aux demandes sur les arrestations de journalistes dans le centre de Minsk ».
« Aujourd’hui, les journalistes ont été emmenés (non détenus!) au service de police Oktiabrski de la ville de Minsk pour vérifier leurs papiers confirmant la légalité de leurs activités professionnelles. Les journalistes des médias enregistrés, ainsi que les journalistes étrangers accrédités par le ministère des Affaires étrangères, seront libérés », a déclaré le ministère.
Des procédures judiciaires contre les journalistes
Au total, environ 50 (!) journalistes ont été arrêtés. Presque tous ont été relaxés après vérification de leurs papiers. Cependant, quatre d’entre eux ont fait l’objet d’un procès-verbal pour participation à une action non-autorisée (ces journalistes ont refusé de présenter leur smartphone aux représentants des forces de l’ordre pour vérification) : Katerina Andreeva, Maxime Gortchanok, Alexandre Vassioukovitch et Andreï Yarochevitch. Ils ont été placés en isolement provisoire en attendant le procès.
Nous avons connaissance d’au moins un cas d’expulsion. Il s’agit du journaliste suédois Paul Hansen. Il est interdit de séjour au Bélarus pour les 5 prochaines années.
Vlad Gridin, photographe pour Radio « Svabody », fait l’objet d’un procès-verbal pour avoir travaillé sans accréditation, bien qu’il dispose d’une accréditation auprès du ministère des Affaires Étrangères.
Réaction de l’Union européenne aux arrestations de masse de journalistes
L’Union européenne a réagi aux arrestations massive de journalistes, qui ont eu lieu le soir du 27 août à Minsk ainsi qu’à Brest.
Une déclaration a été publiée par Peter Stano, représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, rapporte le journal « Evropeïskaïa Pravda ».
L’UE attend des autorités bélarussiennes qu’elles libèrent sans délai et sans condition les journalistes détenus ainsi que les manifestants pacifiques, a souligné M. Stano.
« Laissez les médias faire leur travail sans intimidation. La presse libre a une importance significative pour la démocratie exigée par le peuple du Bélarus », a déclaré M. Stano sur Twitter.
L’association bélarussienne des journalistes exige que le Comité d’enquête ouvre une affaire pénale pour entrave à l’activité professionnelle légale de dizaines de journalistes
L’organisme public « Association bélarussienne des journalistes » exige du président du Comité d’enquête de la République du Bélarus qu’il ouvre une procédure pénale à propos des événements du 27 août 2020, date à laquelle des dizaines de journalistes ont été victime d’une infraction à l’article 198 du Code pénal de la République du Bélarus (« Entrave à l’activité professionnelle légale d’un journaliste »).
Ces infractions de masse sont une entrave à l’activité professionnelle légale des journalistes : ils sont contraints de renoncer à diffuser l’information sous peine de recours à la violence, de destruction ou de dégradation de leurs effets personnels ou d’atteinte aux droits et aux intérêts légaux des journalistes.
La loi de la République du Bélarus « Sur les médias » stipule que tout journaliste a le droit d’être présent lors de manifestations de masse et sur les lieux d’autres événements d’importance pour la société, et de transmettre l’information depuis ces endroits (point 2.2 de l’article 34).