Résumé des événements au Bélarus : que s’est-il passé pendant la semaine qui a suivi les élections présidentielles?

16 août 2020

Vous trouverez ci-dessous la traduction d’articles de médias bélarusses indépendants publiés en 6 langues (anglais, français, allemand, espagnol, italien et polonais).

Pour un contenu vidéo en anglais, suivez le lien https://www.facebook.com/prayforbelarus/videos .

Liens pour des publications en 6 langues : https://drive.google.com/drive/u/0/folders/1pObuct5Knsk66Xy7XotTMcyZS7pcpVdQ 

Contexte :

Des élections présidentielles ont eu lieu au Bélarus le 9 août. Ce sont les 6e élections (1994, 2001, 2006, 2010, 2015, 2020) qu’Alexandre Loukachenko a officiellement gagnées. Ainsi, le président Loukachenko fut indétrônable pendant 26 ans de suite, et ses principaux rivaux se retrouvent souvent derrière les barreaux, accusés au pénal.

Les présidentielles 2020 ont été marquées par la mise en détention des opposants du président dès le début de la campagne électorale. En particulier, le blogueur Sergueï Tikhanovski a été emprisonné en mai déjà, après une provocation lors d’un meeting ; un peu plus tard, les chaînes de télévision nationales ont montré que 900 000 dollars US avaient été trouvés chez lui derrière un canapé.

Svetlana Tikhanovskaïa, son épouse, s’est décidée à reprendre sa place de candidat et a réussi à être enregistrée. Viktar Babaryka et Valéri Tsepkalo, deux autres candidats appréciés de la population, ont eux aussi été détenus et menacés, et leur candidature n’a finalement pas été enregistrée. Leurs états-majors se sont finalement unis autour de Svetlana Tikhanovskaïa.

Les meetings électoraux de l’état-major unifié, organisés dans différentes villes bélarusses, ont attiré beaucoup de ceux qui veulent des changements. Le jour du scrutin, les citoyens bélarusses ont noté des infractions, comme l’ajout de bulletins de vote, l’absence d’observateurs, l’impossibilité de voter dans des ambassades bélarusses à l’étranger.

Lidiïa Yermochina, présidente de la Commission électorale centrale bélarusse, a déclaré que les élections étaient valides et qu’Alexandre Loukachenko  a remporté la victoire avec 80.1 % des voix. Ces résultats officiels ont suscité des protestations considérables à travers tout le pays.

Déroulement de la semaine : l’essentiel

Le 9 août :

1.       Des observateurs indépendants sont arrêtés

A partir du jour du scrutin anticipé, des observateurs indépendants bélarusses n’ont pas pu obtenir l’accès aux bureaux de vote et effectué leur travail. Les membres de commissions électorales (qui comprennent généralement des enseignants et des employés d’entreprises d’Etat) ont fait appel aux forces de l’ordre, y compris à la police antiémeute (dit ‘OMON’) qui ont arrêté les observateurs « pour délinquance ».

2.       Des protestations en masse ont débuté le jour des élections et continuent jusqu’à présent

Photo par Vadim Zamirovski, www.tut.by

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3.   Internet est coupé. Les autorités bélarusses ont évoqué des “cyber-attaques venues de l’extérieur ”. Pourtant aucune attaque DOS n’a été identifiée au Bélarus. Le pays est resté sans Internet du 9 au 11 août. Les jours suivants, il y eu de nombreuses coupures Internet et seuls les sites d’information publics pouvaient être  consultés sans problème.

4.   Détentions cruelles de manifestants pacifiques à travers le pays. Les gens sont roués de coup, des passants sont arrêtés arbitrairement. Les forces de l’ordre fracassent les autos qui passent près d’eux. Des gens sont portés disparus. Des détenus sont torturés et humiliés.

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Photo par Vadim Zamirovski, www.tut.by

5.   Dès les premières journées de protestation, les forces de l’ordre utilisent des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc contre les manifestants pacifiques. Des grenades sont également jetées dans des appartements.

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6.   La police antiémeute (OMON) arrête des journalistes de manière ciblée. Un jour, elle tire avec des balles en caoutchouc sur les gilets marqués ‘Presse’. Certains journalists craignent donc de les porter par la suite.

Texte 20.

Le 10 août :

7.     Des gens forment des chaînes de solidarité à travers tout le pays, dans les grandes villes comme dans les petits villages.

8.   Svetlana Tikhanovskaïa apporte une plainte à la Commission électorale centrale et y disparaît pour 7 heures. S’ensuivent deux messages vidéo. Le premier a été lu par Tikhanovskaïa dans le cabinet de Lidiïa Yermochina, cheffe de la Commission électorale centrale. Dans le second, Tikhanovskaïa déclare se trouver en Lituanie car les autorités lui ont imposé un choix très dur.

Texte 50.

9.       Alexandre Taraïkovski, un manifestant pacifique, est mort près de la station métro Pouchkinskaïa. Le ministère de l’Intérieur déclare que la mort a été causée par un dispositif explosif que Taraïkovski avait voulu jeter sur la police antiémeute. Cependant, des vidéo et des photos publiées le 15 août témoignent clairement que les forces de l’ordre ont tiré sur l’homme.

Texte 1, Texte 62.

Mstsislaw Tcharnow, TUT.BY via AP/TASS

Le 11 août :

10.  Les forces de l’ordre continuent de se déchaîner contre les manifestants pacifiques. Des femmes habillées en blanc et tenant des fleurs apparaissent dans les rues centrales et y forment des chaînes de solidarité. Cette initiative continue pendant plusieurs jours dans tout le pays.

Texte 17, Texte 29.

11.  Les plus grandes entreprises bélarusses décrètent la grève.

12. Svetlana Tikhanovskaïa appelle les maires des villes à autoriser des manifestations pacifiques les 15 et 16 août. Elle propose aussi de créer un Conseil de coordination qui incluera des représentants de la société civile.

13.   Des Bélarusses s’unissent pour prêter assistance mutuelle. Des volontaires se relaient près des centres de garde à vue (SIZO) et aident à dresser les listes de détenus. Des gens apportent de la nourriture et des vêtements chauds aux prisons d’Okrestina à Minsk, à Jodzina et à Sloutsk. Selon des informations non vérifiées, certains détenus sont emportés dans des fourgons de police de la prison d’Okrestina et en sont jetés dans les rues en pleine nuit.

Le 12 août :

14.  Alexandre Vikhor, détenu à Homiel, est mort en prison. Il n’a pas été arrêté sur le lieu de la protestation, mais alors qu’il se rendait chez sa petite amie. Alexandre souffrait d’insuffisance cardiaque, il a demandé de l’aide et a été conduit dans un dispensaire psycho-neurologique. Des médecins ont informé la famille qu’il souffrait d’un œdème cérébral. Les proches n’ont pas pu obtenir des informations officielles pendant longtemps. Plus tard, les forces de l’ordre ont informé la mère du jeune homme qu’il était mort d’overdose. Le 10 août, Alexandre a réussi à téléphoner sa mère depuis la prison pour dire qu’il avait été arrêté. Le jeune homme était un nageur émérite.

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15.   Des médecins entament une manifestation de solidarité pendant laquelle un anesthésiste du service des urgences est arrêté. Plus de 400 enseignants signent une lettre ouverte aux autorités, à la police et aux unités anti-émeute (OMON).

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Le 13 août :

16.   Des ambassadeurs des pays de l’UE déposent des fleurs près de la station de métro Pouchkinskaïa, là où le manifestant Taraïkovski a péri.

Texte 39.

17.   Les centres de garde à vue commencent à libérer beaucoup de détenus. Des informations commencent à circuler sur des férocités et les tortures infligées aux détenus. De terribles photos apparaissent sur Internet, beaucoup de gens sont hospitalisés, voire se trouvent en réanimation. Environ 80 personnes sont portées disparus.

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Le 15 août :

18.   Des détenus sont libérés sans leurs objets personnels. Quelques-uns retournent pour les reprendre le jour même, mais sont de nouveau arrêtés et personne ne sait où ils se trouvent.

19.   Les avocats ne peuvent pas rencontrer Viktar Babaryka pendant toute la semaine.

Texte 41.

20.   Des employés des chaînes de télévision nationales se mettent en grève.

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21.   Les autorités ne laissent pas entrer au Bélarus des députés du Parlement européen qui devaient y rencontrer des journalistes qui couvrent les manifestations de protestation.

Texte 59.

Le 16 août :

22.   De tout le pays, des gens ont amenés à Minsk en autocars pour participer à un meeting pro-Loukachenko. Beaucoup d’eux ont été mis devant le choix suivant : soit ils participent, soit ils perdent leur travail. Alexandre Loukachenko déclare au meeting : «Même mort, je ne permettrai pas que le pays soit livré ».

Texte 64, Texte 67.

23.   En réaction au meeting pro-Loukachenko, les gens descendent en masse dans des rues de la capitale et dans les régions. Selon les estimations de www.tut.by, il y a plus de 200 000 manifestants à Minsk, soit 1/10 de la population de la capitale. Dans plusieurs villes et petites agglomérations, des gens sortent en criant les slogans « Pars ! », « Tribunal ! », « On ne l’oubliera pas, on ne le pardonnera pas ! » et ainsi de suite.

Photo : Photographers against.

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La carte interactive des protestations au Bélarus et des actions de solidarité dans le monde entier 2020 : Texte 57.

La plate-forme Gogos a publié une analyse intermédiaire des résultats des élections

Un scrutin alternatif a été proposé par l’initiative digitale Golos. Pour y participer, il fallait photographier son bulletin de vote recto-verso après y avoir coché son candidat et envoyer les photos au chat bot de Telegram ou de Viber. 

Golos a permis de dépister des fraudes lors du scrutin dans beaucoup de bureaux de vote.

Ainsi, selon les procès-verbaux officiels, Svetlana Tikhanovskaïa a obtenu 393 193 voix dans 989 bureaux de vote (soit 17 % du nombre total). Selon la Commission électorale centrale, cela représente 66.8 % des 588 622 voix qu’elle a obtenues au total.

Pour plus d’informations, voir Texte 51.

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