« Ce sont les enfants les victimes »

Le contrat de location du club de natation d’Alexandra Herasimenia non reconduit après ses déclarations à la presse

9 septembre 2020, 11:44 | Victorya Kovaltchuk, SPORT.TUT.BY
Source: SPORT.TUT.BY

Alexandra Herasimenia, triple championne olympique, a annoncé que le contrat de location de son club de natation n’avait pas été reconduit à cause de ses opinions politiques, bien que les responsables le démentent.

« L’école N°2 ne compte pas signer de contrat avec nous ; ils ont commencé à former des groupes avec les enfants de leur établissement. Nous nous retrouvons dans cette situation à cause de notre positionnement politique contre la violence et contre le régime actuel », a déclaré la sportive dans son communiqué à l’attention des parents des enfants qu’elle entraîne.

« A l’heure actuelle, le club est sous les sanctions d’Etat, en particulier, sous une sanction du département de l’Éducation de l’arrondissement Frounzensky ; ils nous ont supprimé la location et ne nous permettent pas d’entraîner les enfants. Nous comprenons que les enfants n’y sont pour rien, ils sont les victimes de la situation. L’administration aurait pu être plus humaine mais malheureusement ce n’est pas le cas et nos enfants se sont retrouvés rejetés. »

« Je veux préciser que vous avez le droit de déposer une plainte collective auprès du département de l’Éducation. Pour ma part, je voudrais vous assurer que nous ne baisserons pas les bras, nous allons défendre nos droits et nos enfants. Nous allons défendre le temps qui nous appartient. (le temps restant de la location – NDLT). Je vous prie d’accepter les excuses de la part de notre club pour le retard dans l’entraînement de vos enfants du fait de la situation actuelle. Mais je suis certaine que tout cela sera bientôt  terminé et que nous nous reverrons très vite dans les bassins. »

Notons que mise à part l’école N°2, le club de natation d’Alexandra Herasimenia fonctionne également avec les écoles N° 59, 204 et 41. Les deux dernières aussi n’ont pas signé le bail de location en demandant un report jusqu’au mois d’octobre.

Source: TUT.BY

TUT.BY s’est adressé à Alexandra Herasimenia pour quelques commentaires.

« Personne ne m’a informé directement que le contrat n’avait pas été reconduit à cause de mes opinions politiques. Je ne peux donc pas l’affirmer », a noté la sportive.

« Pour l’instant, on m’a annoncé le report de signature du bail jusqu’au mois d’octobre à cause du coronavirus. On m’a dit qu’actuellement aucune location n’était acceptée. Néanmoins, certaines écoles commencent déjà à vouloir signer des locations. Notre club a fonctionné jusqu’au printemps, jusqu’à l’arrivée de l’épidémie. Ensuite, c’est nous qui avons demandé une suspension des paiements de location à cause de l’arrêt des cours. »

« Actuellement, nous sommes obligé d’attendre mais nous espérons qu’à partir du mois d’octobre, au plus tard, nous pourrons commencer les entrainements. Je pense qu’à la fin du mois de septembre, avec mes contrats de location signés, j’y verrai un peu plus clair. »

A la question : « Cette situation pourrait-elle influencer la position citoyenne d’Alexandra Herasimenia ? » la nageuse a répondu :

« Il est difficile de changer ma position car elle est personnelle et non influencée. Je suis toujours fidèle à mes opinions. Le business c’est bien, mais pour moi, les qualités humaines sont plus importantes. »

« Vous comprenez, ce n’est pas moi qui suis la victime, ce sont les enfants.  J’ai  dû faire une pause, d’accord, et du coup je n’ai plus reçu de salaire depuis 6 mois à cause du coronavirus. Mais  en revanche, à cause de cette décision, plus de 500 enfants désormais n’ont pas la possibilité de faire du sport. C’est incompréhensible. Cela me fait mal au coeur pour ces enfants qui participaient aux compétitions et avaient vraiment un grand plaisir à faire de la natation », a dit la championne olympique.

Rappelons qu’Alexandra Herasimenia avait fait partie des personnalités du sport à avoir signé la lettre adressé au gouvernement, et qu’elle avait déclamé à ses collègues un poème intitulé « Combien coûte ta conscience ? ». La célèbre nageuse a participé à plusieurs reprises aux Manifestations de Solidarité à Minsk.