Procédure pénale engagée contre le centre des droits humains Viasna ; projection de Courage, film sur la contestation bélarussienne, dans la catégorie Berlinale Special ; visite de Svetlana Tikhanovskaïa au Portugal
6 mars 2021 | Voice of Belarus
Une poursuite pénale engagée contre le centre de défense des droits humains Viasna
Le vice-président du centre de défense des droits humains Viasna, Valiantsin Stefanovitch, a confirmé que le comité d’enquête du Bélarus a ouvert une procédure pénale à l’encontre du centre Viasna soupçonné « d’avoir organisé et activement participé à des actions de groupe qui violent gravement l’ordre public » (article 342 du Code pénal). Selon les enquêteurs, Viasna assurerait le financement et accompagnement logistique des événements de masse non autorisés. Il a fait savoir que des perquisitions étaient effectuées tant dans les bureaux de ses antennes régionales qu’au domicile de ses collaborateurs. En outre, les défenseurs des droits humains et volontaires de Viasna, Marfa Rabkova, Andreï Tchapiouk, Léanid Soudalenka et Tatsiana Lassitsa, ont été placés en garde à vue.
Le centre Viasna est une organisation non gouvernementale de défense des droits humains qui aide les personnes arrêtées lors de rassemblements et leurs familles. Environ 200 bénévoles du centre travaillent dans tout le pays. En avril de cette année, l’organisation célébrera son 25e anniversaire.
Toutes ces années, Viasna a subi des pressions, des intimidations et des harcèlements de ses membres pour avoir mené des activités en faveur des droits humains. Les militants des droits humains soulignent que Viasna n’a jamais été l’organisateur d’actions violentes et a toujours soutenu l’exercice pacifique des libertés civiles et politiques.
Des associations bélarussiennes ont fait une déclaration suite à la poursuite pénale engagée à l’encontre des militants du centre. Dans la déclaration publiée sur le site web du centre, des organisations de défense des droits humains et d’autres organisations de la société civile du Bélarus ont exprimé leur solidarité avec Viasna et son travail, et ont qualifié les poursuites pénales « de persécution motivée exclusivement par la défense active des droits humains ». La déclaration a été signée par sept organisations : le Centre de transformation juridique (Lawtrend), le Comité d’Helsinki pour le Bélarus, l’Association bélarussienne des journalistes, l’Assemblée des organisations démocratiques non gouvernementales, l’Initiative juridique, l’Initiative FORB et le Centre de consultations Human Constanta.
Svetlana Tikhanovskaïa s’est rendue au Portugal : dans le nouveau Bélarus, le centre de détention de la rue Akrestsina, tout comme la prison d’Aljube au Portugal, sera transformé en musée – un musée de la résistance et de la liberté
Lors d’une visite au Portugal, Svetlana Tikhanovskaïa a rencontré le Premier ministre António Costa, le Ministre des affaires étrangères Augusto Santos Silva ainsi que José Manuel Barroso et d’autres politiciens portugais.
Lors des réunions, Mme Tikhanovskaïa a discuté de questions importantes pour le Bélarus et toute l’Europe,
telles que le sort des prisonniers politiques bélarussiens, la persécution des défenseurs des droits humains et des employés de Viasna, de nouvelles affaires pénales et une attaque contre des médias indépendants.
Mme Tikhanovskaïa a appelé le Portugal, qui assure actuellement la présidence de l’UE, à donner la priorité à la résolution de la crise au Bélarus. Pour cela, de nouvelles élections devraient avoir lieu en automne 2021 au Bélarus.
Elle a également proposé que le prochain Conseil européen des affaires étrangères (qui se réunira le 22 mars 2021) se tienne avec la participation de représentants du mouvement démocratique du Bélarus.
La leader bélarussienne a souligné l’importance d’isoler le régime de Loukachenko et de faire pression sur lui. Il s’agit de voir comment rendre les sanctions plus efficaces et concrètes pour le régime.
En outre, les discussions ont porté sur la création d’une mission spéciale du Parlement européen pour résoudre la crise bélarussienne.
Mme Tikhanovskaïa a évoqué les détails du Plan global d’assistance au Bélarus, ainsi que l’assistance spécifique aux médias indépendants, aux ouvriers, aux avocats et aux représentants des communautés religieuses réprimées par le régime.
Lors de l’entretien avec Sergio Sousa Pinto, Président de la commission des affaires étrangères et des communautés portugaises, Svetlana Tikhanovskaïa a discuté de la possibilité de créer un groupe de travail au sein du Parlement portugais pour aider le Bélarus en organisant, entre autres, le parrainage des prisonniers politiques et un soutien à la société civile.
Mme Tikhanovskaïa a visité le musée Aljube, une ancienne prison pour prisonniers politiques portugais de 1926 à 1965. Pendant les quarante ans du règne du dictateur Salazar, jusqu’à 50.000 personnes y ont été détenues. La dictature de Salazar a été la plus longue d’Europe, mais elle n’a pas résisté non plus à la volonté du peuple. Svetlana Tikhanovskaïa a déclaré que, dans le nouveau Bélarus, le centre de détention de la rue Akrestsina, tout comme la prison d’Aljube, sera transformé en musée – un musée de la résistance et de la liberté.
Courage, film sur la contestation bélarussienne, au programme de la Berlinale
Le 5 mars 2021, Berlin a accueilli une projection spéciale du premier long métrage Courage du réalisateur de documentaires Aliakseï Paluyan. Le film raconte les manifestations actuelles au Bélarus et met en scène des artistes qui défendent la liberté. On y voit des images filmées lors de répétitions et d’apparitions sur scène de comédiens du Belarus Free Theatre ainsi que lors des manifestations de masse fin été – début automne 2020, à Minsk et près du centre de détention rue Akrestsina. Il y a aussi des images d’archives datant des années 90 où l’on voit des manifestations de protestation et des actions à la mémoire des opposants disparus.
« C’est un film sur la vérité. Celui qui la dit, risque la répression et même la mort », annonce le site Internet de la Berlinale. Le film, selon le service de presse du festival, ne peut être regardé sans douleur « précisément parce qu’il mesure avec un calme et une patience prolongés la fragile marge de manœuvre dont disposent les manifestants ». Il explique pourquoi les Bélarussiens ont décidé de résister. Comme le souligne la critique du film, « quiconque veut vivre en tant qu’un être humain et en plus survivre, a besoin de courage ».
Aliakseï Paluyan est un cinéaste bélarussien qui vit et travaille en Allemagne. Son court-métrage Lake of Happiness, basé sur un roman d’un écrivain bélarussien Viktor Martsinovitch, a recueilli plusieurs prix européens, a été nominé pour le prix de l’Académie européenne du cinéma (EFA) en 2020 et a été inclus dans la longue liste des Oscars en 2021.
Le réalisateur lui-même remarque que, pour lui, Courage est une histoire de gens qui passent de la peur à la bravoure. « Les Bélarussiens se sentent actuellement abandonnés. On les a fait rentrer sous terre, pour que personne ne puisse les entendre ni les voir. » A son avis, c’est l’art qui peut leur donner une voix et « les aider à voir la sortie du trou ». Malheureusement, l’image qui s’offre au spectateur au fond de ce trou est extrêmement triste et sans joie. Les personnes intrépides qui sacrifient leur santé, leur temps et même leur vie font face à la violence organisée de la part des autorités, perdent l’espoir et la foi. Le film de Paluyan n’a pas de fin – tout comme il n’y en a pas maintenant dans ce qui se passe au Bélarus.
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