Belarus Daily | 22 fév

Cinq ans de prison pour un adolescent épileptique ; publication d’enquêtes sur la torture des femmes et répression des travailleurs culturels ; visite de diplomates européens au Centre de défense des droits humains Viasna

 
22 février 2021 | Voice of Belarus
L’œuvre de Vladimir Tsesler « Démocrates » (un jeu de mots dans le titre : demoKraty où kraty en bélarussien signifie les barreaux de la prison).
Source : facebook.com/vtsesler

5 ans de prison pour un adolescent épileptique

Mikita Zalataroù, Léanid Kavalioù, Dzmitry Karneïeù.
Source : Viasna Human Rights Center

L’adolescent de 16 ans de Homiel Mikita Zalataroù qui avait été arrêté le 11 août, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement dans une colonie pénitentiaire. Zalataroù souffre d’épilepsie. Au cours d’un des interrogatoires, il s’est senti mal, et il a été emmené par une ambulance. Mais de l’unité de soins intensifs, il a été renvoyé au centre de détention provisoire. Le père de Mikita a déclaré aux journalistes que son fils était tabassé tous les jours dans le centre de détention provisoire. L’avocat a porté plainte à ce propos, mais les autorités n’ont pas trouvé de corpus delicti, puisqu’elles n’ont trouvé aucune blessure corporelle chez la victime. Le jeune lui-même a déclaré lors du procès qu’on ne lui avait pas donné de médicaments dans le centre de détention : « Le garde a répondu : « “Tu es [un prisonnier] politique, tu vas crever” ». Après l’énoncé du verdict, Mikita a eu une crise de nerfs. Étant dans une cage, il s’est jeté sur les barreaux en criant : « Laissez-moi sortir d’ici ! ».

Avec Zalataroù, ont été traduits en justice Dzmitry Karneïeù, 25 ans, condamné à huit ans de prison, et Léanid Kavalieù, condamné à six ans de prison. Ils ont été accusés d’avoir participé à des émeutes de masse accompagnées de « ravages et incendies criminels, de résistance armée contre des représentants des autorités », ainsi que de violences contre la police, d’actions illégales avec des substances inflammables (« cocktails Molotov ») et en plus, Kavalieù a été accusé « d’avoir impliqué un mineur dans la réalisation de crimes ».

Un rapport sur la torture des femmes arrêtées lors de manifestations a été publié

Le Comité international d’enquête sur la torture au Bélarus a publié un rapport sur la torture et les cas de maltraitance infligés aux femmes d’août 2020 à février 2021. Des défenseurs des droits humains ont interrogé 143 femmes qui avaient souffert de la torture et autres actions commises par des agents des forces de l’ordre. L’essentiel de l’escalade de la violence et de la maltraitance par les forces de l’ordre s’est déployé du 9 au 13 août 2020 dans tout le Bélarus. Bien qu’il y ait eu moins de femmes arrêtées que d’hommes, dans de nombreux cas, le niveau de violence à l’égard des femmes n’était pas inférieur à celui des hommes. Les soins médicaux aux femmes n’ont pas été fournis ou seulement dans des cas isolés. Les fouilles corporelles des femmes arrêtées étaient souvent effectuées par des hommes. Les conditions de détention dans les centres de détention n’étaient pas conformes à la législation et aux traités internationaux : torture et traitements inhumains, cellules surpeuplées, insalubrité. Les violences sexuelles contre les femmes et les actions qui leur sont assimilées (menaces de viol, humiliation, privation de l’accès à l’hygiène, aux traitements ou aux médicaments liés aux menstruations) se sont produites un peu partout et à différents moments : au moment de l’arrestation, lors du transfert vers des centres de détention, dans des centres de détention, dans des prisons et établissements pénitentiaires. « Le fait que ces actes, assimilés à des violences sexuelles, aient été commis par des représentants de l’État, est fondamental », indique le rapport. À ce jour, aucune affaire pénale n’a été ouverte sur des allégations de torture.

Les répressions contre les travailleurs de l’art se poursuivent au Bélarus

Source : AMNESTY INTERNATIONAL

L’organisation des droits humains Amnesty International a déclaré que la répression de l’État suite aux protestations contre l’élection présidentielle truquée détruit au sens propre la vie culturelle au Bélarus. Les autorités bélarussiennes arrêtent arbitrairement et infligent des tortures aux musiciens, écrivains, artistes et acteurs dissidents, tandis que d’autres sont licenciés. De nombreuses personnes ont été forcées de quitter le pays et certaines sont maintenues en garde à vue et risquent de longues peines de prison. Non seulement des individus, mais des organisations culturelles entières sont victimes de la répression étatique, note Amnesty International. Le Théâtre académique national Yanka Kupala, principal théâtre du pays, en est un exemple. En août 2020, le directeur du théâtre Pavel Latouchka s’est prononcé en faveur des manifestants pacifiques. Son contrat a été immédiatement résilié et plus de 60 employés du théâtre, dont presque tous les acteurs, ont démissionné en signe de protestation. Au Grand théâtre d’opéra et de ballet, cinq employés ont été licenciés, et la première violoniste Regina Sarkisova a été contrainte de quitter le pays. De nombreux musiciens célèbres ont participé à des concerts dans des cours d’immeubles résidentiels, pour lesquels ils ont été arrêtés à plusieurs reprises et condamnés à des amendes.

Artiste et designer de renom, auteur d’affiches sensationnelles contre Loukachenko et la violence au Bélarus, Vladimir Tsesler, est également en exil. Ses œuvres ont acquis une renommée mondiale et se trouvent dans les collections de nombreux musées du monde entier.

Des diplomates européens et américains ont visité le bureau du Centre des droits humains Viasna

Source : Viasna Human Rights Center

Lundi, des représentants des ambassades des pays de l’Union européenne et des États-Unis ont rendu visite au bureau du centre des droits humains Viasna, privé d’accréditation [par l’Etat, NdT]. Le bureau des défenseurs des droits humains qui a fourni des conseils et un soutien moral inestimable à des milliers de victimes au cours des six derniers mois, a récemment été perquisitionné. Des perquisitions ont également eu lieu au domicile des défenseurs des droits humains. Quatre défenseurs des droits humains du centre ont été arrêtés dans des affaires pénales, un autre purge 12 jours de détention administrative. Le chef du centre, Ales Bialiatski, a indiqué qu’il considérait la visite des diplomates comme une manifestation de solidarité envers tous les membres de l’organisation et un signal clair pour les autorités bélarussiennes que les défenseurs des droits humains sont sous protection des accords internationaux signés par le Bélarus. Récemment, une fausse lettre a été envoyée au nom de Viasna aux parlementaires et ambassadeurs européens avec une demande d’enquête sur les violations des droits des citoyens dans un certain nombre de pays européens.


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